Campo santo, une installation/concert pour 5 musiciens

Publié le 5 mai 2017

Bienvenue à Pyramiden ! C’est là, par 78 degré nord, au Spitzberg, à quelques centaines de kilomètres du pôle Nord, que nous emmènent le compositeur Jérôme Combier et le vidéaste Pierre Nouvel : une ville fantôme reposant au fond d’un fjord, à l’ombre d’une montagne aux allures de pyramide. Pyramiden est l’un des derniers vestiges d’une utopie urbaine : une cité minière organisée de manière idéale, fidèle en tout point ou presque aux principes communistes. C’est « la ville communiste la plus parfaite du monde », paradoxalement située à l’ouest du rideau de fer, jusqu’à ce que la chute de l’Union soviétique et la cessation de l’activité minière la livrent, abandonnée, à l’épreuve des éléments, en déréliction.

C’est ce spectre de ville que Campo santo, titre emprunté à W. G. Sebald, nous fait visiter. Entre concert et installation sonore et visuelle, c’est avant tout une œuvre hantologique (concept emprunté à Jacques Derrida et son Spectre de Marx : une œuvre construite à partir de traces du passé) nourrie de sons et d’images saisis sur place, dans la gangue d’un temps gelé.

Les enjeux électroniques

Se présentant comme une installation ouverte, en cinq tableaux successifs ponctués de courts interludes, Campo santo confie à sa partie électronique un rôle central, notamment du point de vue dramaturgique. Contenant des bribes de paroles en anglais, russe ou norvégien, enregistrées au cours des voyages des deux créateurs, elle véhicule également des fragments de textes de W. G. Sebald, Jacques Derrida, Charles Fourier, Robert Owen ou encore Auguste Blanqui, pour mieux interroger les utopies liées à Pyramiden. Elle offre également un contrepoint lyrique à l’ensemble instrumental (organisé autour des deux percussionnistes, celui-ci réunit un accordéon, une guitare et une flûte), notamment au moyen d’un chœur virtuel et fantomatique. Enfin, l’informatique permet une reconstitution sonore des lieux visités – on entendra ainsi le piano de Pyramiden, le piano le plus nordique du monde, sonner dans l’acoustique reconstituée de la salle de concert. Campo santo : un mausolée des lieux humains désertés et des « voix chères qui se sont tues » de Verlaine.

Précédents projets à l’Ircam

Kogarashi, le premier soupir des fantômes (2002) pour guitare et électronique
Noir gris (2006) pour trio à cordes, installation sonore et visuelle, création de Jérôme Combier et Pierre Nouvel d’après L’impromptu d’Ohio de Samuel Beckett
Stèles d’air (2007) pour ensemble et électronique
Gone (2010) pour trio à cordes, clarinette, piano et électronique
dawnlight (2015) pour ensemble et électronique

Œuvres de Jérôme Combier

  1. dawnlight de Jérôme Combier
  2. Kogarashi, le premier soupir des fantômes de Jérôme Combier
  3. Noir gris de Jérôme Combier
  4. Gone de Jérôme Combier

Campo Santo, Impure histoire de fantômes

Teaser

  • Campo santo, impure histoire de fantômes